Un petit coin de paradis [PV vous deux]

Enfermés. Enfermés. Non pas juste bloqués un ou deux jours, ou même perdus ou encore oubliés, ça ça peut s'expliquer. Non non, enfermés, par on ne sait quel tour de passe-passe. Arsène Lupin se retrouvait donc là avec d'autres gens de sa classe, oui oui, sa classe, parce qu'il avait été enfermé dans ce château glauque, cet ignoble manoir, avec deux autres élèves, oublié. Le pire, le pire, c'est que du coups, il avait le diamant sur lui. Du coups, c'était pas simple-simple a cacher. Portant sa veste d'uniforme blanche, comme le reste de son vêtement d'ailleurs, un monocle posé sur son oeil droit, parce que oui, monsieur était myope d'un oeil , ce qui arrive, il n'osait pas trop approcher des deux autres. Glissant une main nerveuse dans sa pochette il finit par s’ébouriffer les cheveux en tentant de reprendre son calme. Oui, il avait l'habitude des situations tendues, ce n'est pas un pseudo-manoir-hanté qui va te faire peur mon gars, ressaisis-toi ! Soupirant doucement, il vient finalement se poser près d'eux avec sa grâce et son élégance habituelle :
-Hum..; Mhh, mhh *Il s'éclaircit un peu la voix* Bon et bien.. Apparemment on est euh.. bloqués, coincés, enfermés... Donc euh... , En fait, il n'avait rien a dire. Enfin, il ne savait que dire, aussi, toussotant il finit par laisser échapper un "Si quelqu'un connait la sortie" en plantant son regard bleu éléctrique dans les yeux de ses camarades d'infortune, secouant ses cheveux sombres.

Comment je sors d'ici ? Où est la sortie ? Ce sont surement les mêmes questions que mes camarades de classe se posent. Mais sentent-ils la même angoisse que moi ? Je sens les larmes qui menacent de couler le long de mes joues, mais je ne veux pas perdre courage ou encore paraitre faible devant eux. Alors je prend une forte inspiration pour essayer de reprendre un peu de lucidité dans mon esprit tout embrouillé de tant d'émotions. On est entré par la grande porte de là-bas, et elle s'est fermée on ne sait pas trop comment, une autre sortie ne devrait pas être bien loin... Mais où ?
Impossible pour moi de rester calme si longtemps, la panique reprend le dessus et je n'entends même pas Arsène nous poser ses questions. Les mains tremblantes, je cours jusqu'à la porte, l'agrippe et tente avec précipitation de l'escalader sans même penser aux pics en haut si jamais j'arrivais à y grimper. Sauf que non, je ne suis pas parvenue plus loin que le milieu et je tombe douleureusement au sol sur les fesses, en position assise. C'est un dur retour à la réalité, cependant c'est très utile pour me calmer. Je grimace en lachant un bon "OUILLE" qui en dit long sur mon ressenti.

Youpi. Today is a big day, very happy, I enjoy it ! Yeaah ! On est enfermés dans un endroit lugubre, 35 gosses livrés à eux-même, complétement affolés... Mais naaan, tout va bien se passer ! Je regarde autour de moi, canalisant moyennement la panique qui monte en moi. Je hais ça. Je déteste me sentir comprimé de la sorte. Et je crois ne pas être le seul...

-Hum..; Mhh, mhh.. Bon et bien.. Apparemment on est euh.. bloqués, coincés, enfermés... Donc euh... Si quelqu'un connait la sortie.

Débile. Sa remarque était d'un intérêt renversant... Je lui lance un regard blasé, soufflant un "Magnifique façon de dire ce qui est évident.", et pense aussi qu'il aurait carrément pu gueuler "ON EST TOUS FOUTUUUUUS", ça aurait été mieux, tant qu'à faire. Je me tourne, regarde autour de moi. J'ai beau jouer les 'jesuismêmepasaffectémoitralalalalère', je suis juste terrifié à l'idée de ne plus pouvoir sortir. Voyant une fille qui essaye de grimper sur le portail, et d'autre tenter de l'imiter, je m'approche et lui tends la main pour l'aider à se relever, un sourire compatissant sur le visage, comprenant parfaitement ce qu'elle ressent. Je me sens idiot, à ne pouvoir être d'aucune aide à cette charmante jeune fille totalement abattue. Naël. Je crois qu'elle s'appelle comme ça. Je... Crois. Je retiens pas les noms.

"Hé, ça va aller... On va s'en sortir, tu verras. Quelqu'un viendra surement nous chercher, ou... On sortira, je te le promets."

Aaaaaaaaah, moi et mes promesses à la con... Je pourrais pas me la fermer, des fois ??

Ce qu'il pouvait haïr ce mec ! Il a beau dire, la haine, c'est mal, c'est notre perte. Mais aux fonds, il n'y a personne qu'il hait plus que lui. Lui, toute sa famille, tous. Aucune raison logique, aucune raison de le haïr lui, parce qu'au fond, s'il le hait c'est pour sa famille, le lieu dans lequel il est né. Et c'est sans raisons qu'il le hait. Parce qu'il faut bien un coupable a son malheur, leurs malheurs. Parce qu'il n'y a rien à quoi se raccrocher maintenant que cette haine farouche envers ce jeune homme. Mais comme le faible être qu'il est, il se contente de s'incliner bieeeen bas, façon évidente de montrer son impolitesse, de se révolter auprès du geôlier, dans cette patte de velours. S'il y a une chose qu'il sait et retiens, c'est qu'il ne doit jamais montrer ses sentiments. Il doit garder la poker face. Se contenter de sourire sarcastiquement avec un sifflement vipérien "Ravi d'avoir pu t'aider." Il aurait été d'autres lieux et d'autres termes, surement ce seraient-ils entendus comme deux frères de sang. Mais il est ce lieu, ce terme, et rien n'y peut changer a sa haine farouche. Alors que son coeur flambe du désir de vengeance, il remarque ses gestes, ses attitudes. Oui, il les a beaucoup vues par le passé. S'il y a une personne au monde qu'il connait mieux que lui-même, c'est cet être haït et stalké, qu'il va même suivre silencieusement certains soir, observer du haut de son toit avec les parents de l'arrogant, les regarder manger et rire avec ce visage impassible et pourtant si sanglant. Le regard de son haït se fait plus doux, son ton plus grave et sensuel, ses yeux clignent deux fois, sa main à l'envie de la toucher. Il doit la trouver belle. Mignonne ? Seulement charmante, qui sais. Comme un enfant accroché a son grandfrère, il trouve soudain plus d'aspects positifs à cette jeune fille. Les courbes naissantes de son corps, ses cheveux frôlant agréablement son visage. Visage harmonieux, au passage. Ses lèvres plutôt attrayantes et enivrantes. Oui, il comprend ce qui attire l'autre chez elle. Elle ne pleure pas de cette façon affreuse et criarde, elle ne geint pas. Et surtout, Lui s’intéresse a Elle. Alors, inconsciemment, elle lui plait bien. Elle ressemble a un diamant, une de ces merveilles qu'on vole sur le plus beau des étalages, sous le nez de son gardien, que l'on expose comme un trophée, que l'on regarde assoupie pour pouvoir mieux distinguer les reflets dans ses cheveux. Il aurait été d'autres lieux, d'autres circonstances, il n'en serait jamais tombé amoureux, pas en si peu de temps. Il était ce lieu, cet instant et cette circonstance.

"Nael ? Tu ne t'es pas fait mal tout a l'heure au moins ?" Il se pencha, fit apparaître un mouchoir brodé a ses initiales d'une blancheur éblouissante pour la lui tendre doucement, lui faisant signe d'essuyer ses larmes. Avec un éblouissant sourire de gentleman. Comme pour la sauver de son chagrin, de sa faiblesse compréhensible, il lui offrit un petit tour de magie gratuite. Il fit apparaître dans les cheveux de la belle une rose blanche, de laquelle il avait préalablement enlevé les épines, pas les feuilles, et qu'il embrassa de ses lèvres rosées avant de lui tendre, soutenant son regard du sien, turquoise et brillant comme un pan de glace , pétillants tels de belles aigue-marines. Il se releva avec un sourire épanoui, fut frappé du tableau. Elle, l'objet de son désir le plus ardent, si près de Lui, l'objet de sa haine la plus fervente, surement sans qu'il le sache d'ailleurs -après tout il ne porte pas le même nom de famille que sa mère, et il n'a jamais parlé d'elle-, Il lui tendait la main, comme s'i avait voulu qu'elle s’agrippe a Lui. Le lieu était Elle, l'objet de leur convoitise aussi, le conflit éclaterait dans toute sa splendeur. Pour elle, pour lui. Et s'il se contenterait de lui dérober son coeur, Arsène savait que l'Autre chercherait à se montrer plus direct. Et plus sincère aussi, peut-être.

Je suis tombée de trop haut, maintenant j'ai mal... au derrière. Et je laisse tomber mes yeux au sol en me concentrant pour que les larmes de douleur ne coulent pas. Soudain une main apparaît dans mon champ de vision encore tout brouillé.

- Hé, ça va aller... On va s'en sortir, tu verras. Quelqu'un viendra surement nous chercher, ou... On sortira, je te le promets.

Et voilà comment je finis par acquérir la médaille de la "première chialeuse de la classe", sur le coup je me sens vexée et je crois que mes larmes vont toutes se mettre à couler et qu'on sera tous morts noyés. Au moins je n'aurais plus à me sentir prise au piège... Restant polie, je le regarde avec une mine certainement triste et le remercie parce que je sais que son intention n'était pas celle de me vexer : ...M-Merci quand même.

Oups, je me suis peut-être trop précipitée sur mes mots, et c'est que maintenant que je me rend compte qu'il ne fallait pas dire "quand même". Je sens que mes joues s’enflamment, non il ne faut pas qu'on me voit ! Je tourne précipitamment la tête tandis que mes joues d'un rouge vif sont arrosées d'un torrent de larme. Il faut que je m'éloigne ! Je m'excuse de laisser ce si gentil garçon planté là, et m'en vais à la hâte. Une fois écartée de tous, il y en a un que je n'avais pas vu qui apparaît soudain de nulle part :

"Nael ? Tu ne t'es pas fait mal tout a l'heure au moins ?"

Qu'est-ce qu'ils ont tous à être compatissants ? C'est pas vrai, ils veulent me harceler ou quoi !
Bon, je crois qu'aujourd'hui c'est pas mon jour, avant de lui répondre je respire un grand bol d'air pour retrouver mon calme et prend son mouchoir maladroitement sans même m’apercevoir qu'il y a des motifs. Une fois que j'ai séché toutes les larmes je lève le visage vers lui pour dire une nouvelle fois "merci, ça peut aller patati patata..." ... sauf que c'est impossible, il y a eu un imprévu : ses yeux ont le pouvoir de m'empêcher de parler. Sur le moment je n’identifie pas ce que je ressens, mais en tous cas ça me laisse sous le choc. Ce qui m'a sorti de cette hypnose, c'est tout simplement son comportement bizarre avec sa rose que je sais pas comment il a sorti de mes cheveux. Quand il me tend la rose je la saisis, la regarde un moment sans savoir comment agir devant son comportement. Je décide d'être franche avec lui en me risquant encore à ses yeux de saphir : Pourquoi t'as embrassé la rose ? Tu m'as fait peur quand t'as fait ça...

En le regardant plus attentivement, j'ai l'impression qu'il attend quelque chose de moi, et je me sens comme dévorée, ce que je trouve très désagréable. Son regard est pour moi trop intense, je fais un pas en arrière en lui demandant d'une voix plaintive et aiguë : Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai fait quelque chose de mal ?

Sans réfléchir, je sers ma veste autour de ma taille comme pour me protéger de ses yeux, et de lui.